Selon les études en psychologie positive, pardonner amènerait moins de colère, plus d’optimisme, une meilleure santé (SELIGMAN 2002), plus de satisfaction de vie.
Pardonner est loin d’une question de lâcheté, mais une démarche d’acceptation de soi et de l’autre dans sa part humaine, dans notre faillibilité d’être humain. Pardonner ne veut pas dire : ne rien faire, ne pas renvoyer notre désaccord, ne pas s’opposer. Ce n’est pas se taire, ce n’est pas faire le dos rond. C’est un processus plus intérieur qui est de reconnaitre, pour soi comme pour l’autre, la part du manque fondamental, la complexité d’être Homme. C’est-à-dire le droit à l’erreur, le droit à être pris dans une émotion passagère, le droit de dire des paroles excessives, le droit « d’être con* » de temps en temps. Finalement pardonner à l’autre, c’est d’abord se pardonner à soi-même de ne pas être parfait et que cette imperfection nous relie aux restes de l’humanité. Le pardon est donc lié à notre capacité empathique, c’est-à-dire la capacité à se mettre à la place de l’autre. Il est d’ailleurs toujours intéressant d’observer que les personnes très dures, le sont d’abord et avant tout avec elles-mêmes.
Pardonner, c’est aussi se permettre de prendre de la hauteur dans la relation et de mieux cerner ce qui n’est pas bon pour soi, sans attendre que l’autre change. Juste se dire, là où il /elle en est aujourd’hui n’est pas quelque chose de bon pour moi. Je peux lui pardonner sa part humaine mais je peux aussi réaliser mon besoin de m’en protéger, de m’en distancier, de m’y opposer, de lui dire…Pardonner, c’est accepter pleinement ma part de responsabilité dans la relation et dans mes choix futurs. Finalement pardonner, c’est sortir de l’enfance et d’une vision d’un Autre idéal, d’attentes irréalistes pour construire des relations saines. Non l’autre ne viendra jamais me combler, ni répondre à mes attentes totalement. Je suis responsable de mon vécu et de mon bonheur.
Pardonner c’est prendre conscience de ses erreurs, prendre conscience des erreurs de l’autre et à partir de cela apprendre et progresser.
Petits exercices de pardon
Petit temps de méditation. Respirez profondément, une respiration par le ventre, prenez le temps de vos poser et laissez défiler vos pensées sans vous y attacher plus que ça. Prenez en juste conscience, un peu comme si vous pouviez vous observer de l’extérieur. Laissez-vous bercer dans un état confortable, détendu. Puis laissez une image de vous apparaître (c’est pas toujours facile de se voir ), prenez le temps, ça peut être une image de vous dans le miroir, une photo… laissez apparaitre cette image et parlez lui, dites-lui avec douceur « je te pardonne, je te pardonne de ne pas être parfait, j’accepte que tu sois pleinement humain, merci à la vie de me permettre de continuer à apprendre* » et sentez en vous toute la profondeur de cette acceptation comme un regard bienveillant d’un parent pour son enfant. D’un parent aimant, inconditionnellement. Abandonnez la « culpabilité narcissique** » qui accentue nos défauts. Puis respirez tranquillement. Faites ensuite apparaitre l’image, le visage de la personne avec qui vous êtes en conflit ou en difficulté (père, mère, conjoint, enfant, amis…). Devant ce visage, parlez-lui simplement en vous disant « je te pardonne, je te pardonne de ne pas être parfait, j’accepte que tu sois simplement humain et merci à la vie de continuer à m’apprendre de ça » et laissez agir ces paroles en vous profondément. Elles vont vous aider à construire une paix intérieure.
Pourquoi être en paix intérieur, me direz-vous ? Parce qu’on prend de meilleures décisions, une fois la colère en partie dispersée, parce qu’on se recentre sur l’essentiel et sur nos besoins quand on est plus au clair dans ses émotions. Et au risque de me répéter, ce travail n’empêche pas, bien au contraire, l’action mais permet une action mieux dirigée. Une action assurée avec des pensées éclairées et non une ré-action rendue confuse par les émotions. C’est un premier pas vers l’assertivité définie comme la capacité à « communiquer clairement honnêtement et directement ses pensées négatives et positives tout en respectant les droits et sentiment de l’autre***».
Sans compter que bien souvent, et c’est bien vrai dans le couple, nos pensées négatives sont accentuées par les petits films auto hypnotiques que l’on se fait où on laisse une part belle à la dramatisation des évènements. Un petit film en 3D qui accentue nos émotions négatives, et nos pensées exagérées. Ces pensées viennent d’ailleurs souvent corroborées des croyances profondes et anciennes, parfois totalement déconnectées de la réalité présente ! Autrement dit, on se colle une paire de lunette négative construite il y a bien longtemps ! Se dégager de notre amertume, de nos ruminations contre-productives, nous permet de construire librement. Christophe André**** nous invite à nous poser trois questions pour s’en dégager: est-ce que mes pensées m’ont aidé à trouver une solution ? Ou d’y voir plus clair ? Ou d’être soulagé ? C’est non ? Alors c’est de la rumination ! Vous êtes en train de vous faire du mal, pour rien!
« L’ultime liberté est le droit et le pouvoir de décider comment qui ou quoi nous affectera ». Stephen R.COVEY.
Alors pardonner, une sacrée force de caractère à développer ?
« L’imbécile n’oublie ni ne pardonne. Le naïf pardonne et oublie. Le sage pardonne mais n’oublie pas » Thomas Szasz.
*Comme le disait J.BREL.
** « Merci à la vie de me permettre de continuer à apprendre » cette dernière phrase est inspirée de la tradition philosophique et spirituelle Ho’ oponopono de la culture hawaïenne.
*** Alexandre Jollien, philosophe, Trois amis en quête de sagesse.
***source Scholavie, Education positive.
****Christophe ANDRE, psychiatre, Trois amis en quête de sagesse